« C’est le bruit qui l’a réveillé, léger irrégulier, celui de l’espace qui se rétractait dans le sable, le bruit du froid qui tassait et comprimait. » « Ici, au Texas, rien de tout ça. Les animaux, en dehors des oiseaux et des sauterelles, on ne les voit pas, il y a peu d’arbres, et leurs gestes raides, […]
Nomadisme & écriture
Ce mois-ci, cela fait deux ans qu’Éric et moi sommes nomades. Nomades, c’est-à-dire en mouvements ; nomades : de lieu en lieu — d’espaces en espaces. Les paysages défilent, l’asphalte, les parkings, les plages, les retraites, les visages, toutes les mailles d’un réseau sur lequel danser, un ensemble de joies immenses et de galères moindres, un […]
11 juin 2019
[Coma Berenices.] La lune noire a duré presque une semaine : le premier croissant se couchait avec le soleil — un trait lumineux au-dessus des collines, jaune d’or, presque orangé, à peine une heure. Alors, la nuit s’emplissait d’étoiles et Jupiter se reflétait sur la mer, l’on aurait pu voir la traîne blanche de la […]
25 mai 2019
Le vent chaud a déposé de la poussière sur les vitres • journée chaude, soleil d’or.
24 mai 2019
Sur la presqu’île, les routes dessinaient des méandres • fourches et bifurcation, jusqu’au labyrinthe. Un paysage désert strié de lignes grises onduleuses et inutiles : des rues numérotées, sans pavillons, sans humains, sans terrains vagues. Certaines m’auraient emmenée à une villa isolée, d’autres auraient terminé en impasse, je ne les ai pas empruntées, un demi-tour […]
23 mai 2019
Hors champ, vous verriez une statue de centaure et un immeuble inachevé. Il y a aussi l’odeur du sable et de la sauge, et celle de la cuisine des maisons cachées par les tamaris.
12 mai 2019
La sauge de Jérusalem recouvre de jaune les montagnes, les pieds légers évitent les orchis qui fleurissent si discrètes, dans les chemins rocailleux l’œil avisé distingue les tortues des pierres, les vipères paressent, les oliviers de bohème parfument les plages et la sarriette les collines, et puis ces mille fleurs au nom inconnu, les nuits […]
26 avril 2019
Tiranë, à la place de Travnik non traversée, pour illustrer la frustration de ne pas pouvoir en lire la Chronique par Ivo Andrić. (Nous n’irons pas non plus à Višegrad, mais avons franchi la Drina à Foča — le bleu-vert de l’eau aux abords de la forêt primaire.)
12 avril 2019
C’est la ville qui dégringole • au fond de son ventre elle cache la friche des chats.
11 avril 2019
Et j’ai vu les jardins de Marienbad longer la mer. « (…) dans un passé de marbre, comme ces statues, ce jardin taillé dans la pierre, (…) comme si je passais entre deux haies de visages immobiles, figés, attentifs, indifférents, tandis que je vous attendais déjà, depuis toujours, et que je vous attends encore, hésite encore […]
3 avril 2019
Comme une frontière. • Je crois que la mer s’achève ici, dans cette anse. Qu’elle vient y mourir, s’oublier, s’ensabler dans les déchets végétaux, se noyer dans les traînées d’écorces et de feuilles en décomposition où poussent les pimprenelles. Que s’il y a des rivages où elle naît et d’autres qu’elle visite, aux creux de […]
2 avril 2019
Face à la grande langue Adriatique, en ligne droite on nagerait jusqu’au canal d’Otrante, puis l’Ionienne, sans dévier, mais on s’englue dans tout ce bleu rose brumeux, et derrière : la barrière du Lido.