Seule au grenier ou à la cave sur les escaliers et les échelles, elle pose un pied sur ses robes qui traînent comme serpillières : chute Extrait de L’Arrachée belle, La Contre allée, 2020.
Les heures abolies
La nuit nos corps n’ont plus de frontières peut-être que ce sont les heures qui sont abolies et que l’on ne distingue plus le corps des heures.
Os
Je me suis extrait la moelle, il ne me reste que des os vidés, des os-flûtes même pas percés.
Je roule la nuit
Je roule la nuit et les routes sont étroites — poème
27 juillet 2020
Nos ruisseaux cachés : attendre que la température dépasse les 30°C, marcher dans les broussailles, suivre la trace des vaches, trouver le tremble au tronc fendu au bord de la flaque boueuse, remonter le cours de l’arroyo sec en évitant les branches basses, trouver l’eau qui court encore. (Plus bas, elle s’évapore). Sieste sous les jeunes […]
23 juillet 2020
Ce qui s’amasse dans les gorges. (Quand cela éclate, les gouttes trop lourdes parsèment la robe rouge et les pieds glissent dans les flaques.)
9 juillet 2020
Nous avons quitté la côte pour descendre vers le sud, il a fallu dire au revoir à la grève. Le vent chasse les nuages à chaque fois que nous partons, comme si les jours de gris nous créaient un abri que l’on quitte quand le bleu de la mer s’approfondit. (En face, les îles sont […]
21 juin 2020
Je ne parviens jamais à saisir cette vue : l’estuaire à marée haute, avant la descente jusqu’à la grève et le bois de pins, l’archipel morcelé, tout au fond, qui devient ligne d’horizon quand on arrive en bas. Cette fois, il pleuvait, les essuie-glaces ne fonctionnaient pas, il y a toujours un arbre devant l’objectif. Cette […]
28 avril 2020
[Souvenir] Le premier pélican, c’était : une marche le long de la plage sans fin, si large qu’on ne voit pas la mer (on la sent, on l’entend), le soleil se couche, il faut franchir une rivière et une dune (les pieds s’enfoncent et glissent, des avalanches infimes), un olivier de bohème sucre l’air. Le pélican […]
Confinement
Parmi mes proches, il y a celleux : […] qui ont des jardins, qui ont de trop petits appartements, […] qui ne comprennent pas pourquoi on peut travailler en usine mais pas se promener en couple, qui se demandent si Jeff Bezos va bien.
17 novembre 2019
Nous avons erré à l’est. Il y a eu un choc sourd en face du Mur : le bruit de freins, un corps étendu à terre, jambes et bras, ça fait le cœur gonflé et les yeux qui hésitent entre voir et détaler. Il y a foule et ambulance, et les deux autres qui s’embrassent en […]
16 novembre 2019
Autoroute déserte dans paysage blanc brumeux — pas de stations-service. Quelques chevreuils, des joncs dans un pré. Les vaches se regroupent au plus près des bois, leurs corps massifs se serrent les uns contre les autres. Elles doivent exhaler de la vapeur, mais d’ici l’on ne voit rien, que les collines boisées, les arbres rosis […]