Nous avons erré à l’est. Il y a eu un choc sourd en face du Mur : le bruit de freins, un corps étendu à terre, jambes et bras, ça fait le cœur gonflé et les yeux qui hésitent entre voir et détaler. Il y a foule et ambulance, et les deux autres qui s’embrassent en peinture sur le béton.
On n’a vu Berlin que de nuit et on a dormi le jour, marché le long de grands boulevards, pris le S pour l’est, la porte de l’appartement était ouverte, il y avait des Berlinois et des noctambules de Hamburg, une Turque aux cheveux bleus, Venezuela, Finlande, Italie, et la Russie timide qui s’est endormie dans le bruit.
Le matin, assise dans un wagon neutre, j’ai regardé le train d’en face comme s’il était vide, la vitesse a transformé les fenêtres en tunnels et effacé les visages.