Encres et textes, coulées noires, impressions grises, lumières. Du blanc sur noir au négatif. Les couleurs s’inversent. Le portrait devient paysage et le livre objet, retourné, feuilleté. Format – et impression – à l’italienne. La voix crée, se module, s’altère en un long poème — ou la succession d’une vingtaine. Changement de rythme et de sens.
Naissance, dans la marge, entre le texte et l’encre, dans l’entre-deux, la zone frontière entre le noir et le blanc. Naissance d’une, qui est plusieurs, Naissance d’une, qui varie. Incantation : femme, pluie, animale, pensée, point, phrase. Phase. Qui s’étire, voix plastique élastique — voix qui énumère, allitère. Le poème psalmodie et conjugue. Joue avec les mots.
Le texte, voix. Les encres, la matière, le papier. Ajoutons la courbure des pages, les flous du regard, la photographie qui souligne et révèle — strates subjectives.
Naissance d’une est une création d’Olivier Apprill (texte) et Armelle Ritter (encres), publiée par les éditions Zinc en 2008. J’ai découvert par hasard ce très beau livre grâce au festival Les Eternels FMR organisé à la Halle Saint-Pierre en décembre dernier par les éditions de L’œil d’or. Le festival, qui propose une librairie temporaire présentant le catalogue d’une soixantaine d’éditeurs peu présents en librairie, en plus de lectures, débats et performances, reviendra à la Halle Saint Pierre du 3 juin au 13 juin 2016. Je vous conseille d’aller y faire un tour, pour découvrir des livres qui sortent des sentiers battus.